Forme de divination connue sous le nom de "tasséomancie", ou lecture dans les feuilles de thé.
Cette coutume est née en Chine, probablement au cours
du Ve siècle. Le thé n’est apparu en Occident qu’en 1609, lorsque les
négociants néerlandais commencèrent à l’importer d’Orient. Bien que
considéré dans les premiers temps avec suspicion, ce nouveau breuvage
gagna la France en 1636 et se touvait dans les boutiques anglaises en
1650. Il ne devait pas tarder, en Angleterre, à devenir une boisson
quotidienne.
Au milieu du XVIIe siècle, la consommation de thé s’était généralisée
un peu partout en Europe, et les diseurs de bonne aventure avaient pris
l’habitude de lire dans ses feuilles.
Cet art divinatoire n’était pas entièrement nouveau
pour les Européens puisque, dans l’Antiquité, les Romains pratiquaient
l’"oenomancie" - l’interprétation de la lie de vin - et que les devins
du Moyen Age étudiaient les dessins formés par de la cire fondue ou du
plomb liquide, entre autres substances.
Mais la tasséomancie exigeait un certain nombre de connaissances :
savoir préparer une tasse de thé pour la lecture et interpréter des
dizaines, voire des centaines de formes différentes. Aux XVIIIe et XIXe
siècles, on trouvait sans peine de petits ouvrages expliquant aux
curieux les bases de la tasséomancie (de l’arabe tass, qui signifie
"zasse", et du grec manteia, "prophétie").
De là, cet art répandit, non plus seulement dans les alcôves
clandestines des devins, mais aussi dans les salons nantis.
Les différentes méthodes de lecture dans les feuilles
de thé varient parfois dans leurs détails, mais les principes
fondamentaux valent pour toutes. Il faut d’abord faire infuser du thé
en vrac (idéalement, du thé noir de Chine ou d’Inde), puis le verser
dans une tasse de couleur claire, sans utiliser de passoire. Celui dont
on va lire l’avenir boit alors le thé, en laissant au fond de la tasse
les feuilles dans une petite quantité de liquide. Après avoir mélangé
le tout trois fois, il ou elle retourne la tasse, pour faire tomber la
plus grosse partie des feuilles. Le devin retourne ensuite la tasse et
examine les motifs dessinés par les feuilles restées collées à
l’intérieur.
Que nous apprend le fond d’une tasse de thé ? Les
adeptes de cette méthode affirment qu’ils peuvent y voir la forme des
choses à venir. Lignes, points, figures géométriques, dessins rappelant
des plantes, des animaux ou des objets : ces signes possèdent tous un
sens spécifique. Par exemple, une seule ligne droite indique des
projets réfléchis et de la sérénité. Deux lignes parallèles prédisent
un voyage gratifiant. Un cercle couronné d’une croix est souvent
mauvais signe et suggère un enferement forcé, dans une prison ou un
hôpital, alors que l’arbre promet la réussite et le gland, une bonne
santé.
Plus l’image est située près du bord de la tasse, plus elle est proche
de l’avenir. A l’inverse, une événement suggéré par une forme tout au
fond de la tasse se situera dans un avenir lointain.
Beaucoup de devins insistent sur le fait que seuls les
êtres au psychisme particulièrement receptif peuvent lire correctement
dans les feuilles de thé. Selon cette théorie, les feuilles de thé
stimulent la partie intuitive de l’intelligence, ce qui permettra de
prédire un avenir et de percevoir des vérités qui, autrement, seraient
restées enfouis.
Cela n’empêche pas des milliers d’amateurs de s’essayer à la tasséomancie, pour leur plaisir.
Mar 16 Sep - 23:29
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